Dans notre quotidien, il nous arrive souvent de remettre à plus tard des tâches importantes mais perçues comme fastidieuses. Cette tendance à privilégier la satisfaction immédiate au détriment des bénéfices futurs est liée à un biais cognitif bien connu : le biais du présent. En formation ou dans l’exercice de la massothérapie, ce biais peut influencer la manière dont nous gérons notre apprentissage, notre pratique et notre engagement envers nos clients. Cet article explore les mécanismes du biais du présent, ses conséquences et les stratégies pour mieux y faire face.
Sommaire : Qu’est-ce que le biais du présent ? Les mécanismes du biais du présent Les conséquences du biais du présent Comment contrer le biais du présent ? Conclusion |
Qu’est-ce que le biais du présent ?
Le biais du présent décrit notre tendance à favoriser les gratifications immédiates aux dépens des récompenses futures. Plutôt que d’effectuer une tâche perçue comme contraignante, nous avons tendance à lui préférer une activité plus plaisante à court terme. Des études montrent que les personnes qui commandent leur déjeuner à l’avance choisissent des options alimentaires plus saines : il est parfois préférable de ne pas plonger dans l’envie présente de la sensation de faim.
Les mécanismes du biais du présent
Le cerveau humain, conçu pour maximiser son bien-être à court terme, peine à résister aux tentations immédiates. Les décisions concernant le choix entre une récompense immédiate et une récompense future impliquent deux systèmes cérébraux distincts : l’un associé aux décisions impulsives et l’autre à l’autocontrôle. Les régions du cerveau responsables du traitement des émotions et des récompenses sont beaucoup plus activées par les récompenses immédiates que par les récompenses futures, même si ces dernières sont plus importantes. Par conséquent, les individus ont tendance à faire des choix en faveur des résultats immédiats.
Ces régions cérébrales mettent du temps à maturer, c’est pourquoi il est bien plus difficile pour les enfants de résister à une récompense immédiate. Il existe une expérience bien connue conduite par l’université de Stanford, qui permet de tester la capacité des enfants à délayer la récompense. Celle-ci est simple : on expose l’enfant à un marshmallow, tout en lui promettant que s’il attend que l’adulte revienne, il en aura deux. Plus l’enfant est âgé, et plus il est capable d’inhiber son envie irrésistible pour cette promesse alléchante.
Les conséquences du biais du présent
Le biais du présent peut avoir des répercussions significatives dans la vie quotidienne et professionnelle. Par exemple, un étudiant en massothérapie pourrait choisir de passer la journée à se détendre au lieu de préparer un projet important, ce qui affecterait sa performance académique. De même, un massothérapeute pourrait procrastiner l’intégration de nouvelles techniques de traitement, préférant les méthodes familières, ce qui pourrait limiter l’efficacité des soins et nuire à la satisfaction de ses clients. Enfin, en ne prenant pas le temps d’évaluer régulièrement son approche, le praticien risque de manquer des opportunités de développement professionnel, ce qui peut freiner sa carrière à long terme.
Comment contrer le biais du présent ?
Plusieurs stratégies permettent de réduire l’impact du biais du présent et d’améliorer la gestion du temps et des priorités :
- Réfléchir aux impacts futurs : Évaluer les conséquences spécifiques des événements futurs peut susciter des émotions, rendant les bénéfices futurs plus tangibles et pertinents. Cela aide à contrer la tendance à ignorer l’avenir.
- Décomposer les grands objectifs et utiliser des rappels : Transformez les grands objectifs en petites étapes réalisables pour rendre les récompenses immédiates et favoriser la motivation à progresser. Fixez des échéances précises et utilisez des rappels pour maintenir votre engagement et résister à la tentation de procrastiner.
- Associer effort et gratification : Transformez les tâches en jeux ou associez-les à des récompenses pour encourager l’engagement. Par exemple, un praticien peut se motiver à suivre une formation en s’accordant une activité plaisante une fois celle-ci terminée.
- Pratiquer l’auto-compassion : Adoptez une attitude bienveillante envers vous-même en reconnaissant que la procrastination est un biais naturel. Cela permet de développer des stratégies sans culpabilité excessive, tout en vous motivant à vous engager dans des actions bénéfiques pour votre avenir.
Conclusion
Le biais du présent est un obstacle courant qui influence notre prise de décision et notre gestion du temps. Dans le cadre de la formation et de la pratique en massothérapie, il peut impacter l’apprentissage, l’engagement professionnel et la qualité des soins. En prenant conscience de ce biais et en adoptant des stratégies adaptées, il devient possible de mieux gérer les priorités et d’optimiser son développement professionnel.
A retenir :
- Biais du présent : Tendance à privilégier les plaisirs immédiats au détriment des bénéfices futurs.
- Ce biais peut nuire à l’apprentissage, la gestion du temps et la progression professionnelle.
- Des stratégies comme la planification, la fragmentation des tâches et l’auto-compassion peuvent aider à mieux gérer cette tendance.
- Prendre conscience du biais et y remédier permet d’améliorer son engagement et la qualité des soins prodigués.
Sources :
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